Newsletter 2024-2

Chers membres, chers collègues,

La fièvre électorale monte dans notre pays en même temps que les températures. En lisant les manifestes des différents partis, on ne peut que constater que les soins de santé mentale sont mis  (fortement) à l’ordre du jour. Que prévoient ces programmes pour les soins de santé mentale ? Vous le saurez plus loin, dans notre Guide électoral.

Entre-temps, la réforme de la Commission des psychologues a été approuvée. Un pas dans la bonne direction, même si l’obstacle de la difficile coordination entre les deux ministères responsables des psychologues cliniciens demeure. Ainsi, certains points douloureux n’ont pas pu être éliminés.

Les webinaires UPPsy-BUPsy ont été bien suivis, tant par les membres que par les non-membres. Lors du dernier webinaire sur la mise à jour de la loi sur les droits des patients, il est apparu une fois de plus que la législation en matière de santé mentale est très discutable. Un nouveau webinaire en francais se tiendra ce mardi 21/5 à 20 h, à l’issue duquel nous espérons compiler les principales questions. N’oubliez pas de vous inscrire ! 

Le Conseil supérieur de la santé a en outre récemment émis un avis sur l’intervention et les applications numériques dans les soins de santé mentale. Il ne s’agit peut-être pas d’un luxe inutile, puisque de nombreux patients trouvent déjà leur chemin vers ceux-ci grâce à l’internet. Pourtant, certaines affirmations contenues dans l’avis nous font sourciller. 

À l’approche des vacances d’été, nous restons dans l’expectative en ce qui concerne l’AR sur le DPI et le renouvellement du Conseil fédéral des professions de santé mentale. Que cela ne nous empêche pas, ainsi qu’à vous tous, de profiter de vacances bien méritées. A bientôt, avec des nouvelles de notre Assemblée générale à l’automne.

Nous, c’est-à-dire les membres du conseil d’administration d’Uppsy-Bupsy : 
Stef, Martine, Claudia, Paul, Wouter, Philippe, Frank, Tania, Hilde et Nathalie.

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Guide électoral

Lors de notre webinaire sur le secret professionnel, la question s’est posée : comment pouvons-nous avoir un impact sur la prise de décision dans les domaines qui nous intéressent ? En étant membre d’une association professionnelle, certes, mais pour nous aussi, c’est un combat permanent pour se faire entendre. Ce sont en effet les représentants des différents partis politiques qui votent les lois, demandent des amendements ou rejettent les projets de loi.

À l’approche des élections, nous sommes tous concernés par ces questions. Pour éviter à nos membres d’avoir à lire tous les manifestes des partis, nous en avons listé quelques-uns, classés selon le Guide électoral préparé au sein du Comité de vigilance – notre plate-forme de concertation entre les différentes associations professionnelles du secteur de la santé mentale. Attention, il s’agit de promesses électorales dont l’effet dépendra toujours des compromis avec les autres partis, du contexte financier et surtout : de la manière dont ces promesses seront réalisées. Alors, lisez, et choisissez bien !

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Projet de réforme de la Commission des Psychologues

La proposition de réforme de la Commission des psychologues, dont nous avions déjà parlé dans notre dernière lettre d’information, a été approuvée malgré quelques obstacles. Ci-dessous, nous énumérons les changements. 

Quelle est la composition actuelle de la Commission des psychologues ?

Aujourd’hui, la Commission des psychologues organise deux instances disciplinaires : un Conseil disciplinaire et un Conseil d’Appel. Il existe également une Réunion plénière trimestrielle au cours de laquelle sont prises les décisions importantes concernant le fonctionnement quotidien de la Compsy et les demandes d’inscription sur la liste des psychologues. Cette Réunion plénière est composée de 16 représentants délégués par les associations professionnelles nationales de psychologues. Le président et le vice-président sont nommés par le ministre et sont des avocats ou des magistrats. Le fonctionnement quotidien de la Commission des psychologues est suivi par le Bureau. Il y a aussi, bien sûr, le personnel qui, en collaboration avec les commissaires, lé président, le directeur et le bureau, met en œuvre les décisions prises par l’assemblée plénière.

En quoi consiste la réforme ?

Les fonctions de la Commission des psychologues restent toujours la protection du titre de psychologue et le contrôle du respect de la déontologie et de la loi, par l’intermédiaire des instances disciplinaires. Des assesseurs juridiques peuvent désormais être désignés à cet effet. En outre, la Commission des psychologues doit fournir des informations aux praticiens et aux parties prenantes.

Une innovation majeure est à venir en ce qui concerne la liste des psychologues agréés. Désormais, elle sera divisée en fonction des différents secteurs de la psychologie. Ainsi, au moment de leur candidature, les psychologues devront également indiquer dans quel secteur ils sont principalement actifs. Les psychologues cliniciens devront prouver qu’ils ont reçu un visa du SPF Santé publique et démontrer leur reconnaissance par la communauté. Les psychologues peuvent changer de secteur, mais pas l’année de l’élection.

Dans le projet de loi de renouvellement de Compsy, il n’est plus question de l’Assemblée plénière, mais de l’Assemblée des représentants (AdR), composée de 12 membres issus des quatre secteurs des psychologues (secteur clinique, secteur scolaire et éducatif, secteur travail et organisation, secteur de la recherche), répartis de manière égale entre les deux groupes linguistiques. Le secteur clinique est le mieux représenté et reçoit donc 6 mandats. Les autres secteurs reçoivent chacun 2 mandats . Le président et le vice-président de l’AdR sont membres de l’AdR elle-même et seront donc des psychologues. Un commissaire du gouvernement sera nommé pour superviser la mise en œuvre des mandats de l’AdR.

Étant donné que la Constitution consacre la liberté d’association, cela signifie également que les psychologues ont la liberté de ne pas s’associer et que les membres de cette AdR ne doivent pas nécessairement être membres d’une association professionnelle.  

Le Bureau restera responsable de la gestion quotidienne, des affaires courantes, de la supervision de la gestion financière, de la préparation des réunions, du recrutement et de la gestion du personnel.

Autre nouveauté, les représentants des psychologues seront élus par voie électronique, le vote étant obligatoire pour toute personne inscrite en tant que psychologue. Le fait de ne pas participer au vote, sans donner procuration à un collègue, constitue une faute disciplinaire et peut entraîner un avertissement ou une suspension. L’objectif est de responsabiliser les psychologues et d’assurer la diversité de la représentation.

Les candidats à ces élections doivent justifier d’une expérience de trois ans dans l’un des quatre secteurs.

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Avis sur les interventions et applications numériques dans les soins de santé mentale

Le Conseil supérieur de la santé a publié en mars 2024 son avis sur les interventions numériques et les applis en santé mentale. Compte tenu de l’utilisation rampante de ces apps en ligne, il n’est peut-être pas inutile de s’offrir le luxe d’y réfléchir. 

Nous reprenons ci-dessous les principaux points de l’avis, complétés par nos réflexions : 

– L’avis s’exprime sur différents outils en ligne : les interventions d’auto-assistance, les interventions guidées avec un soutien professionnel minimal et les interventions mixtes combinant la technologie et la pratique conventionnelle, et ce en vue des problèmes psychologiques les plus courants, en particulier les troubles dépressifs et anxieux et la toxicomanie. On a à juste titre exprimé des réserves concernant la complexité de ces problèmes, qui n’a pas été prise en compte dans les recherches effectuées. Peut-on alors supposer que les résultats de la recherche sur la population générale sont également valables pour la population clinique ? 

– Les applications font appel à diverses interventions, principalement situées dans le registre thérapeutique comportemental (TCC) : psycho-éducation, restructuration cognitive, développement des compétences, relaxation, autocontrôle. Surtout au vu de la complexité des problèmes psychologiques évoquée plus haut, il est dommage que cet avis ne prenne pas en compte d’autres approches thérapeutiques centrées sur des thématiques existentielles et relationnelles, par exemple. La question est bien sûr de savoir si les applications seraient aussi facilement applicables ici. 

– Le fait que le relationnel soit un facteur pertinent est démontré lorsqu’il est systématiquement répété que l’utilisation d’applications s’avère particulièrement précieuse en combinaison avec un accompagnement. On distingue ici l’accompagnement en ligne qui se concentre spécifiquement sur l’utilisation d’applications, et les interventions mixtes, dans lesquelles l’accompagnement “classique” pourrait remarquablement être proposé en ligne. Pour nous, si l’accompagnement en ligne reste parfois une bonne solution lorsqu’il n’est pas possible autrement, il nuit nécessairement au contact dans une relation thérapeutique.  

– L’avis indique régulièrement que ces applications faciliteraient l’accès au système de santé mentale, en particulier pour les jeunes ou d’autres populations qui ne trouvent pas le chemin du système de santé mentale pour diverses raisons. L’inconvénient de cette facilité d’approche est que les gens abandonnent rapidement et facilement.Dans le même temps, l’avis est conscient des risques de telles interventions, qui pourraient simplement élargir la fossé numérique. 

– Il est remarquable que cet avis tienne compte du fait que la possibilité d’obtenir de l’aide de manière anonyme grâce à ces applications lève un obstacle important dans la recherche d’aide. Il serait bon que cette vision des choses se répercute sur l’organisation d’un dossier patient électronique, où, après tout, les mêmes préoccupations sont en jeu. En effet, si l’anonymat dans le monde numérique peut rendre plus difficile l’établissement d’une relation de confiance avec le thérapeute, comme cela a été observé, dans la vie réelle, cela est beaucoup moins problématique. De plus, lors de l’utilisation de ces plateformes, l’anonymat n’est garanti que si les participants peuvent également utiliser physiquement un espace privé. 

– Il est inquiétant de constater que ces applications sont perçues comme une opportunité de collecter des données dans un contexte écologique et pour des interventions écologiques momentanées. Les patients auront-ils vraiment la possibilité de s’y opposer ? Ceux qui surfent régulièrement doivent déjà être très persévérants pour être systématiquement attentifs aux cookies que l’on collecte. Les patients auront-ils le courage de faire les démarches nécessaires pour refuser la collecte de données ? 

Il faut veiller à ce que ce conseil n’ouvre pas la voie à une solution trop évidente pour réduire les coûts et les listes d’attente dans le système de santé mentale, où, par exemple, on voudrait déjà remplacer les accompagnements minimaux dans l’utilisation des applications par des rappels automatisés pour augmenter l’engagement avec les utilisateurs. On mentionne à juste titre la nécessité d’un soutien humain, qui peut évaluer, par exemple, si un traitement est assez intensif ou suffisamment adapté au contexte du patient. Le fait que cela ne doive pas nécessairement être fait par des professionnels de la santé mentale ayant reçu une formation approfondie nous semble être un exercice de pensée risqué : sur quelle base leur jugement sera-t-il alors fondé ? 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Version française

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